dimanche 30 avril 2017

Semaine du 30 avril 2017

terrain de jeux

Le printemps est troué
Comme un tricot mangé par les mites
Il est difficile de lui refaire une beauté
En coups de vents et en coups d'eau
En manque se soleil
Le bourgeon balbutie de légers tons de vert

Mais " Bigre"comme aurait dit Arsène
Il faut rester confiant
Car de plus graves dangers menacent la planète

Trop de dictateurs des temps modernes
Brodent dangereusement la surface des choses
Et découpent les pays comme peau de chagrin
Et un mur par ici et un mur par là
Et un décret par ici et un décret par là
Des promesses des magouilles

De mensonges  en mensonges
De manipulations en manipulations
Croient-ils que nous serons toujours dupes

Comment faire pour étendre sereinement
Du vert par ci du bleu par là
Et ne pas déchirer tout ce qui fut gagné

Véronique


©  Véronique Poussart  2017

dimanche 23 avril 2017

Semaine du 23 avril 2017

Les rouages du changement

À donner un tour de clé ou de manivelle
On met en marche une mécanique bien bizarre
Un rouage en entraînant un autre puis un autre

Plus rien ne sera plus comme avant
Ni les tiroirs remplis de godets d'aquarelle
Ni les  équerres ni les papiers  croquis

À déplacer deux tableaux
On ne se surprend plus à laver les rideaux
Mais oui mais oui
À trier les livres on trie aussi les disques

On retrouve les voyages et les billets d'avion
Les photos de voitures parties  à la casse
Une pièce de maquette rangée dans un tiroir
Longtemps et pour rien

On fait des petites piles du passé
De cette revue qui montrait de si beaux jardins
Et des recettes à cuisiner pour les grandes tablées

En même temps que les nuages s'essorent sur notre dos
Et que le froid tourne en rond comme un ours en cage
Le tour de clé fait des  étincelles joyeuses
Cela nous concocte de nouveaux désirs
Et de l'espace à vivre


Véronique


©  Véronique Poussart  017 

dimanche 16 avril 2017

Semaine du 16 avril 2017

L'érablière

La sève transparente s'est glissée
Sous les écorces rugueuses
Faufilée entre terre et ciel fin mars début avril

Les traces des lièvres
Fondent sous le soleil ou la pluie
La forêt se referme jusqu'au printemps prochain
Il y a peu tout bougeait tout s'activait
Et l'or du sirop craquait sur les cristaux d'une neige en sel

Ne restent que souvenirs en ce jour si mouillé
Ne restent que photos des enfants qui riaient


Véronique

© Véronique Poussart  2017 

dimanche 9 avril 2017

Semaine du 9 avril 2017

Le départ

Il avait longtemps songé au départ

Des nuits complètes à veiller
À se demander les quand et les pourquoi

Arcabann était finalement parti
Aux toutes petites heures du matin
Sans se retourner sans sourciller
Il lui fallait aller voir au delà des terres
Déjà cartographiées par les habitudes
Et les rites des chasses

Parti vers le sud
Vers des vallées qu'il espérait vertes et giboyeuses
Ne savait pas siffler mais pouvait d'un simple roseau
Créer des mélopées et des rythmes un peu saccadés
À la mesure de ses pas et de ses découvertes
Et d'un coup bien frappé bien net
Tailler des silex à  la simple vue des pierres

Des  rivières des collines de larges passages ocres
En avait vu par centaines
S'éloignant toujours
Interrogeant le crépuscule
Ne scrutant que devant

À force de marcher d'observer et d'apprendre
Était devenu un autre
Beaucoup d'années passeraient
Avant qu'il ne revienne

 Véronique

©  Véronique Poussart  2017


dimanche 2 avril 2017

Semaine du 2 avril 2017

Le retour


Il était sans doute explorateur
Il est vrai je vous jure
Qu'il y a trente mille ans
On ne l'appelait pas ainsi

Son nom
Sans être épelé
Se disait Arcabann
Fils des hautes terres

Parti pendant des lunes et des lunes
Les saisons suivant les saisons
Et encore et encore

Le plus aventureux
Le plus téméraire
Le plus tenace aussi
Sachant graver la pierre et refendre le cuir
Sachant tuer le cerf et saisir le poisson

Parti depuis si longtemps
Que même son père sa mère
Et les autres de son clan
Avaient tracé une étoile
Sur les parois de la caverne

Parti depuis si longtemps
Que même la plus chère à son cœur
N'était plus là

On ne vit pas son retour
On entendit l'aboiement du chien-loup
Traverser l'air et toute la vallée

Il est revenu
Et sans raconter son voyage
A pris un tison bien noir et bien brûlé

Les huit lunes qui suivirent
N'a fait que dessiner

Véronique 



©  Véronique Poussart  2017