dimanche 24 avril 2016

Semaine du 24 avril 2016

La ville s'allume

Il serait bientôt 18 heures
À ce qu'en disent les horloges des gares

Il faisait presque beau
Pas tout à fait chaud encore
Mais assez pour que l'imper reste plié sur le bras
Et sentir un sourire s'installer dans les yeux

Les voitures en bouchons et klaxons
Se donnaient un air d'aller nulle part
La banlieue l'autoroute le chemin des écoliers

On reconnaissait les signes ténus d'un soir d'été 
Où la pénombre est longue à s'installer
La circulation ressemblait à un jeu de go
Dont personne n'aurait connu les règles

Je cède je traverse la voie je m'arrête
Je défie les passages bien marqués
Contourne les piétons arrivant d'en face

C'est le moment charnière
Où l'on troque une vie pour une autre
Préoccupé des événements du jour

Le temps défile il faut croire
Lorsque les lumières de la ville s'allument
Tant d'histoires de moments à partager
Tant de solitudes derrières les baies vitrées

Fenêtres allumées et rideaux tirés
Soir après soir 
C'est le moment d'accrocher l'imper!


Véronique
© Véronique Poussart 2016

samedi 16 avril 2016

Semaine du 17 avril 2016

Loin

C'est loin
Vraiment loin
Et beau
Vraiment beau
Kamouraska, Normandie
Acadie ou Louisiane

Aussi lisse que le dauphin 
Qui nage à la télé
Et que le dos de la baleine
Sondant vers les profondeurs

Calme posé là
De toute éternité
Le vent s'y glisse
Protecteur et chaud
Longe les rives les caps 
Et les oiseux nicheurs
S'envolent sans effort

Dans la tête de chacun
Des souvenirs 
Des impressions d'espace bleu
On croit qu'ils s'appellent 
Lieux et territoires
On croit qu'ils évoquent
Dates  et circonstances

Mais ils ne sont
Qu'un vent qui se glisse
Et nous parle sans effort


Véronique
© Véronique Poussart 2016

dimanche 10 avril 2016

Semaine du 10 avril 2016

Avril

Le jour émergeait
Entre glaces et eau
Le tumulte

Des bruits fous
Entremêlés des cris des outardes et des oies
Remontant vers le nord
En longs battements tenaces

La rive se rompait
Se déchirait
Les branches de l'hiver 
Charroyées comme des fétus
Par les marées successives
Se déposaient dans les baies
Amas insolite et presque vivant

Des miroitements de matin frais
Des points 
Des mouvements imprévisibles
Comme des ricochets de pierres
Lancées à la diable

Loin vraiment loin
Un bateau remontait le fleuve
Et il fallait entendre
Le martèlement  de ses moteurs
Traverser la lumière d'avril


Véronique

© Véronique Poussart 2016

dimanche 3 avril 2016

Semaine du 3 avril 2016

N'y voir que du feu

C'est un pays andalou
De nostalgie et d'ardeur
Tous les soleils du monde s'y réunissent

Flamenco disent-ils
En pas cadencés et hanches cambrées
Dans la chaleur du soir
Tard bien tard dans la nuit
Lorsque les feux s'éteignent
Que les femmes ont cessé de danser 
Que leurs robes ont cessé de tournoyer 
Le pays ferme ses volets
Se refait une nuit mauve 

Les arènes sont désertées
Les ollé envolés comme colombes
Les souvenirs aux couleurs de brasero
S'endorment avec les conquérants

C'est un pays de ténacité
De lumière sèche 
Les pins y sont parme le soir 
Et rouge à midi
La colline au loin embrasse ses toreros
Et rend hommage à Picasso


Véronique

© Véronique Poussart 2016