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Pensées éparses
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Lumières vacillantes des pensées éparses
Trajets d'étincelles et de musiques
Dans le monde de la nuit
Comme des lucioles en orée de forêt
Elles émergent virevoltent tourbillonnent
Se taisent et renaissent
Dansent comme vent sur les déserts
Éclatent comme feux d'artifices
Conquérantes fragiles et déterminées
Lumières vacillantes
Aux heures tardives
Où le temps se déforme et disparaît
Les pensées éparses
Voguent sur des mondes immenses et secrets
Bien appuyées sur les mathématiques de l'univers
C'est bruit de mer moules crevettes
C'est bruit d'épinettes et de clairières
Loups coyotes feuilles qui tombent
C'est bruit d'un moteur qui démarre
D'une porte qui se ferme
C'est bruit de pas pressés sur les pavés
D'un journal replié sur le comptoir d'un café
Chant de flûtes sous les étoiles par milliers
C'est bruit des cœurs qui battent
Et s'inquiètent parfois
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Chiffres
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J'ai écrit un mot
Et deux et dix et vingt
Les ai roulés en boule
Et raté la cible
J'ai cassé un œuf
Et deux et cinq et huit
Les ai battus en neige
Bientôt des îles flottantes
J'ai pris une branche
Et deux et quatre et six
Compté les âges
Compté les saisons
J'ai soufflé un ballon
Et deux et vingt et trente
La maison est en fête
Il n'a que quatre ans
J'ai ramassé un caillou
Et deux et huit et treize
Les ai rangé en ligne
Sur le bord de la fenêtre
L'un d'eux tombe souvent
Il est tout rond tout rond
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Première neige
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Les formes sont encore visiblesLes couleurs tamisées de l'automne aussiPremières marques de pas au solBientôt gels, craquementsChemins feutrés ouatésInaccessiblesAppartenir au nordObserver ses coups de lumièreSoudains et brefsComme les flashs Des photographesSous la couette de neige et de glaceLes noix, les glandsLes feuilles en ravinLes ruisseaux en dormanceL'argile des terres labourées Plus de ticketsLes carrousels sont fermésPrès des plages abandonnéesQue du vent et des vaguesDes herbes couchéesAprès toutCela ne dure que quelques moisAllons au cinéma!
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En quête de lumière
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Le pays est en attente
Les terres labourées
Les grains emmagasinés
On calfeutre on protège on isole
On dresse des abris temporaires
L'air est feutré de gris de mauves de rouilles
Au bord des grèves
Des rivières de canards en vols serrés
Les marcheurs sont rares et pressés
La tête penchée face au vent
L'écharpe en folie
Dans leurs têtes
Des images de sud en cavalcade
Des tangos en mémoire
Je voudrais attraper le soleil dans une boîte transparente
Le poser sur les cœurs inquiets
L'éparpiller sur les fins d'après-midi
Et zébrer les nuages d'une large strie dorée
Courts courts me dites-vous
Les jours de novembre
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Les papiers déchirés
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Listes futiles
Et celles sérieuses de la bonne conscience
Les mots retrouvés des années plus tard
Un souhait, un bonjour, un mot tendre
Série d'hiéroglyphes
De gribouillis, de cercles
D'oiseaux qui s'envolent
Sur les bords des ordres du jour
Et des comptes-rendus trop longs
Papiers colorés des petits enfants
En confettis sur les tables
À côté du goûter de quatre heures
Le bonhomme allumette la tête en bas
Je les ai triés, recollés, réunis
Les sans importance
Et les précieux comme tout
Sur leurs marges inégales
L'espace des possibles