|
Le pont de Tacoma*
|
Encore aujourd'hui
Plus de murs que de ponts
Murs pour les migrants
Murs pour les différents
Cacher Oublier Nier
Mauvais calculs et ignorance
Agressions du pouvoir
Même les ponts s'effondrent
Vacarme d'acier
Vacarme des discordes
En dessiner de nouveaux
En construire de nouveaux
Élégants solides utiles
Relier et rejoindre
Regarder l'eau filer dessous
La vallée se déployer dessous
Du plus petit ruisseau
Jusqu'aux deltas
Espérer
Tout n'est pas dit encore
Langage de poutres
Ou vrais mots d'amour
Véronique
* Inauguré le 1er juillet 1940
Il s'est effondré le 7 novembre 1940.
|
Marine s'écrit la mer
|
Sous la lumière de la lagune
Et du reflet d'un soir
En imaginant l'épave aux coquillages
Elle a la couleur de notre mémoire universelle
De toutes les conquêtes et de tous les espoirs
Du caché du mystère
La texture des rêves et l'imprévu des découvertes
En rythmes découpés et méthodiques
J'entends la vague respirer le souffle
De cette immense aventure marine
En gage des témoins minuscules
Des tessons verts dépolis
Des plumes d'oiseaux migrateurs
Du varech et des joncs
Et puis...pourquoi pas...
Un brin d'insouciance et des pensées vagabondes
Si tous les poissons du monde
Faisaient des bulles en même temps
J'imagine le remous et le tintamarre
Ah oui... Le tintamarre
Véronique
|
Sentinelles
|
Je marchais
Sur une plage
Infiniment longue et lente
Pas une trace
Pas un coquillage
Pas une branche d'une dérive lointaine
Un silence assez étrange
Comme si c'était le début d'un nouveau monde
Soleil blanchâtre et brouillard d'eau troué et piqueté
De lumière indécise
J'aurais voulu dessiner sur les paillettes dorées du sable
J'aurais voulu former des mots en trouvant les lettres
D'un monde hors du temps
Puis là, devant la ligne si droite, juste un peu inclinée vers la mer
J'ai vu ces blocs sentinelles si bleus, si vibrants de force et de calme
Si patients d'un temps infini
Ils ont porté les gestes des dessins
Et se sont ouverts chargés de lettres
Véronique
La nuit des Perséides
Ciel en émoi
Balafré de stries lumineuses
Découpant l'obscurité
D'arcs de cercles géants
Une seconde ou moins
Tout est dit
Il n'en faut pas plus pour tous les vœux du monde
Pour tous les espoirs
Pour tous les souvenirs
Les poussières rebondissent sur l'espace
Ricochant comme cailloux
Brûlant d'un dernier feu
Intense magique et rare quand même
Comme une grande fête annuelle
Comme des feux de Bengale
Pour le plaisir des veilleurs solitaires et patients
Un cadeau venu du fond des temps
Une calligraphie de l'espace
Parfaite pour s'émerveiller encore
Et toujours
Véronique
|
Un ciel libellule
|
C'était un temps à mettre tous les marins dehorsCabans ou nonIl faisait beau ll faisait chaudL'instant d'aprèsIl faisait froid et ventEt bourrasques soudainesLe ciel prenait de ces couleursMélangées de sons et de refletsOn aurait dit un ciel libelluleButinant le paysageRetournant les feuilles du côté le plus pâleDans l'imaginaire du pays le plus imaginaireJe marchais vers le champ de coquelicotsChamp de l'enfance et des longtempsLes cascades les écluses les lentes rivièresBercées par les battements du cœurBonheur bonheur Comme il le faut
Véronique