dimanche 26 avril 2020

26 avril 2020

Quatre strophes pour Telemann

Cinquante fois
Il lui a dit je t’aime
Mais ce n’était pas suffisant
Il a pensé
Des mots d’amour
Il en faut cent

Cinquante pas
Derrière chez lui
Et puis devant
Mais ce n’était pas suffisant
Il en a fait cent

Cinquante tulipes 
Il a cueilli
Pour un bouquet si grand
Ce n’était pas suffisant
Pour son vase
Il en fallait bien cent

Cinquante fois
À écouter TELEMANN
Même cent fois ne  suffisent plus
Alors
Il l’écoute tout le temps

Véronique

© 2020 Véronique Poussart

dimanche 19 avril 2020

Semaine du 19 avril 2020

Le tour du monde


Dans une déferlante 
D’événements
Scénario d’aventures s’il en est
Il ne fallait à Jules Vernes
Que 80 jours

Aujourd’hui
De nos maisons-batyscaphes
À l’abri de l’invisible
Faire le décompte des jours
Frôle le bizarre

Des nano-secondes
Pour recevoir les espoirs de la planète
Les mots d’amour
Les désespoirs

80 jours
C’était finalement bien long
Pour découvrir les continents
Et bien court
Pour décrire les sentiments

Véronique
© 2020 Véronique Poussart

dimanche 12 avril 2020

Semaine du 12 avril 2020

À Antoine

La voie maritime


Des Escoumins aux écluses
Elle s’étire
De marée basse
En marée haute
Chaque jour
Long ruban inégal

À fleur de baleines
À fleur de rochers de hauts fonds
Aussi imprévisible que la vie
De méandres de ponts et de quais
Sous les glaces
Et les bois flottés

Y voir l’autre rive
Et se perdre sans fin
Des îles et des chenaux
Comme les mots d’un dictionnaire

Ouvrir le voyage des barges
Des vraquiers
Des porte-conteneurs
Lire les cartes marines
Changeantes aux vents d’automne

De sa timonerie
Avancer sur des routes secrètes
Et sous les vols des oiseaux marins
Assurer le parcours

Il m’a raconté
Des histoires de bateaux
De laquiers de traversiers
De cargos et de remorqueurs

Il m’a raconté 
Le pilote
Ces jours au long cours
Où scruter l’horizon
Précède les manœuvres
Où le battement des moteurs
S’entend de si loin
Et nous rassure

Véronique

© 2020 Véronique Poussart



dimanche 5 avril 2020

Semaine du 5 avril 2020

Seule

Le printemps émerge
Secoue le froid
Et s’ébroue comme un chien
Au sortir de la rivière

Par les fenêtres
Soudain 
Une corneille
Un voilier d’outardes
Un marcheur

Dans la presque immobilité
Des semaines
Le temps s’étire
Anormalement
Pour une fois
Trop de secondes
Trop de minutes

Barbara chantait si bien ce temps déformé
Dis, quand reviendras-tu?

Véronique

www.youtube.com/watch?v=2y_aQ5ZLcR4


© 2020 Véronique Poussart