mercredi 23 octobre 2024


 Quatre heures dix


J’écoutais la respiration de la nuit
Et l’entendais encore le jour

Un lac un orage une rivière
Et l’eau qui glissait sous les terres desséchées

J’entendais les étoiles s’entrechoquer
Dans le tissu du cosmos
Et les connivences se parler de paix
La peur des biches dans les bois
Et le chant des merles en allés

J’entendais les battements 
Des cœurs en désarroi
Et les chasseurs perdus en forêt
Les sons fondus des trains et des avions
Des nuages et des coups de vent

Parfois
Dans le reflet des réverbères
J’entendais l’aube se glisser
Dans un autre sommeil
Les enfants pleurer d’un chagrin 
Impossible à décrire
Et les plus s’ajouter aux moins

J’entendais surtout
Sa présence
Pas si loin
Et le bruissement des pensées
Qu’il éparpillait
Amoureux des mots
Et d’une ribambelle d’idées
Laissées à la page quatre-vingt-huit du dictionnaire

Le long des minutes
Encordées 
En échelle solide
Je touchais l’intouchable
Et le sortais 
De son carcan
Pour mieux le voir palpiter 

Je rangeais un bout du temps
Une seconde mille secondes 
Je le faisais éternel
Et le polissais 
Comme un galet dans le rapide

Puis à nouveau
Le matin venu
Je rangeais ces respirations à ma guise
Je regardais ses yeux
Et partais en voyage

Véronique 
© 2024 Véronique Poussart

dimanche 8 septembre 2024

8 septembre 2024


 Origami


C’étaient de fins papiers japonais
Aux couleurs irisées
Assortis aux phrases
Et aux regards
J’avais pourtant bien cherché
Sans en trouver un seul
Pour plier les folies d'un demain

Au détour d’un instant
Dans une vieille librairie
Sous un carton bariolé
Ils se sont pris d’envie
Valse danse entrechat
De glisser un pas de deux
Puis la musique si lancinante
Des amours déployées
A rempli tout l’espace
En cette fin d’été

Véronique

© 2024 Véronique Poussart

vendredi 6 septembre 2024

Perdre le fil


 Perdre le fil

Sans ciseau 
Il s’est rompu quand même 
À force de l’étirer
De le dénouer
D’en emballer 
Des cadeaux éphémères
De chanvre 
De lin 
De soie
De l’entortiller sur les doigts
De le bobiner
De le mettre en réserve
Au cas où

Je l’ai trop bien rangé
Il s’est évaporé
Ma mémoire ne s’en souvient plus

Il était bleu
Il était rouge
Et blanc
Il avait tenu mon enfance
Ma mémoire ne s’en souvient
Presque plus

Véronique 

© 2024 Véronique

lundi 2 septembre 2024

2 septembre 2024


 Abstraction douce

 La vie parfois se déforme
Crie ses révoltes
Ensence ses dieux
Met sur pause
Ou
Accélère le mouvement

Chaque jour ressemblera-t-il
Aux promenades déjà faites
Que dire des peines passées
Et des rêves
Que dire

Les chansons en incantation
Reste 
Reste
Les brouillards dans les yeux
Savent bien que non
Le voyage est sans fin
Les cartes d’embarquement
Déjà périmées

Sur la route du parc
À petits pas
Regarder les arbres
Regarder les nuages
Se dire
C’est déjà fini

Véronique

© 2024 Véronique Poussart


mercredi 28 août 2024

28 août 2024


La rentrée 


Le vent nous porte
D'est en ouest
De détours 
En détours

Des voyages 
Aux destinations
Improvisées
Parce qu'une image
Parce qu'une intuition

Bouger
Aller voir
Recommencer

Véronique
© Véronique Poussart

mardi 27 août 2024

27 août 2024


 Orages d'été


Conjuguer le verbe pleuvoir 
À tous les temps
En s'amusant
Sous un parapluie

Il a plu
Il pleut
Il pleuvra

Ce n'est que parfois 
J'en suis rassurée !

Véronique

© Véronique Poussart 2024

dimanche 18 août 2024

Semaine du 18 août 2024


 Icare

Ne restaient que des troncs carbonisés
Des cendres brûlantes
Un silence impressionnant
D’oiseaux envolés

Un chemin se dessinait encore
Traces fragiles de jours heureux
Tout ce vert absent
Se disaient-ils
Toutes ces futaies protectrices
Les bruits de vie
D’heures lumineuses
Un lièvre
Une biche
Un renard
Une cascade

La peur les larmes
L’abandon d’un lieu fertile

Des promesses fait-on savoir
Les cocottes de pin
L’enjambée protectrice
D’un feu impatient
Une tourbe humide
Un ruisseau aux galets polis

En seule mémoire
Le désir
En seule mémoire
Une feuille s’envole

Véronique

© 2024 Véronique Poussart

dimanche 21 juillet 2024

Semaine du 21 juillet 2024


 Directions


Une chiquenaude
L’air bruisse
La porte se ferme
Au courant d’air

Les tubes se sont mélangés 
Avant même d’être alignés 
Pourquoi les bleus
Les éclats scintillants du jaune

Choix irrésolus de la nuit
Des pensées éparses 
Le crayon
Hésite 
Divague
Redémarre 
Prend la pose

Chaque geste mène 
À son contraire
Le décidé s’alanguit
Et le doux forcit

Avec un coup de pouce
L’écran a chaviré 
Petit navire de l’irrésolu

Une chiquenaude
Un regard croisé 
La porte s’est fermée 
À qui la faute
Sinon au courant d’air

Véronique 

© 2024 Véronique Poussart



mardi 25 juin 2024

25 juin 2024

 N'importe où

Il y a toujours un bout de flou en nous-mêmes
Cela flotte entre deux musiques
Enfance amour

Le jour s’écrit
La nuit tergiverse
Des tons de rouges
Des ombres de gris

Étiré en aurore boréale
Clair comme un cumulus en bleu

Il y a du flou presque partout
D’y penser met à peine de la lumière
Demain une moitié peut-être
À dire va là n’y va pas

Que ce soit piano saxo
Là où la note s’estompe
Se glisse le flou
Désirs et infortunes
La montagne est bleue
De sa nuit imparfaite

Une étoile brille au froid
Qu’écris- tu là-bas
Qu’apportes-tu avec toi
Dans tes bagages passés
Tes bagages un peu usés

Le flou  en dedans
Ou comme une écharpe
Flottant au vent
Si je le savais
Je le dirais



Véronique


© 2024 Véronique Poussart

dimanche 23 juin 2024

Semaine du 23 juin 2024


 Partir au loin


Le soleil s'est déplacé sur les bégonias
Les fenêtres croquaient le bleu du ciel
J'ai pensé à tes yeux
Un peu gris
Un peu couleur de mer

Cela suffit-il au bonheur?

Les feuilles bruissaient 
Les oiseaux sautillaient
Cherchant les insectes sous l’écorce 

J’ai pensé à tes yeux 
Un peu verts
Un peu couleur de mer

Cela donne-t-il à rêver?

Dans l’encre délavée
Des années
Croquis et mots d’amour

Cela fait-il un passé?

J’ai pensé à tes yeux
Un peu turquoise
Mélange d'aube et de crépuscule

Les sables infiniment lavés
Sous les clapotis des marées 
Les pierres émergeant
Et transportant les varechs 

J’ai pensé à tes yeux
À nuls autres pareils
Qui me prenaient la main
Pour m’emporter au loin


Véronique

© Véronique Poussart 2024


dimanche 9 juin 2024

Semaine du 9 juin 2024


Spirale en morceaux

Comme un fil détaché 
Qui flotte au vent
De chaque jour

Il roule
Il tourne
S’éloigne et ralentit

Il fait ses gammes
Dans l’espace
On dirait pour rien
On dirait inutile

Comme un fil détaché 
Arrêté sur une épaule
Embusqué entre deux saisons

Garde-page ou garde-fou
Prêt à nouer l’indécis et le flou
Se faufile entre les petites secondes
Et les espaces vides 
Visibles entre les blancs 

Alors que les mots
Deviennent
Un jour
Des conversations

Il faut bien
Renouer
Avec soi-même 
Et recoudre une spirale en morceaux

Véronique

© 2024 véronique Poussart 


 

dimanche 2 juin 2024

Semaine du 2 juin 2024


 L'effervescence du printemps



Les oiseaux sont tombés dedans
À pieds joints
Ailes décidées et agiles
Becs en feu
Mélodies endisquées

Le temps de voir venir
Tout est devenu multicolore
Et les feuilles brillantes
De leur chlorophylle neuve
Brillent jusqu’au crépuscule

À peine la première lueur de l’aube
Les chants se répondent
Et leur langage secret
Scelle la journée à venir

Tout d’un coup la guerre est loin
La souffrance est loin
Les banquises ne fondent plus
Le cassis refleurit
Promet des vins parfumés et heureux

Cela dure si peu
Le mouvement d’un éventail
Un pétale tombe déjà
On glisse l’image dans la boîte aux souvenirs

Cela fait un fondu enchaîné
Comme au cinéma
À voir et revoir
Le premier prix de mai
Épinglé sur les murs
De la vie


Véronique
© véronique Poussart 2024

vendredi 10 mai 2024

10 mai 2024


 Le mois de mai ressemble-t-il à cela ?

Sans doute pas
Plus bleu
Plus vert
Plus lumineux peut-être 

Le temps des premières primevères 
D’une chanson d’amour qui flotte au vent
Pour un certain temps
Encore
Des cris d’enfants dans la cour
Les cartes dépliées du prochain voyage
Un bâton de marche pour voir au loin
Et se griser de paysages 

Dans la tête 
Les algorithmes sont imprévisibles 
Sans faire ni deux ni trois
Le présent est bousculé 
Et le printemps est hagard 

Pourtant j’ai déjà vu les chatons de saule
Les rhododendrons en boutons
La tendresse du saule pleureur 

Derrière ma fenêtre 
Je vais m’en contenter
Et repasser en boucle
Des printemps plus heureux

Véronique 

© Véronique Poussart 2024


vendredi 26 avril 2024

26 avril 2024


 De jour en jour


Le temps trace son chemin
Insensible peut-être
Les émotions reléguées
Loin
Derrière

Se mettre au bleu du ciel
Tricoter les nuages
En pensées erratiques

La vie cherche le mouvement
Un désir d’ailleurs
Sous les coups de butoir
De jours qui se ressemblent
Garder le cap en douceur
Est déjà un défi

Véronique

© véronique Poussart 2024

dimanche 7 janvier 2024

Exploration 2


 Exploration 2



Dehors la cassure du froid
Les passants éparpillés 
Penchés sous le vent neigeux

L’hiver s’est immobilisé
Derrière les fenêtres 
Et je me souviens du bleu
Quand tu étais là
Et du rouge des pivoines

C’est un jour éclaté en miettes
En parcelles de pensées
Avec des mots aussi rares
Que ceux d'un cahier tout neuf

Véronique

© Véronique Poussart 2024