Quatre heures dix
J’écoutais la respiration de la nuit
Et l’entendais encore le jour
Un lac un orage une rivière
Et l’eau qui glissait sous les terres desséchées
J’entendais les étoiles s’entrechoquer
Dans le tissu du cosmos
Et les connivences se parler de paix
La peur des biches dans les bois
Et le chant des merles en allés
J’entendais les battements
Des cœurs en désarroi
Et les chasseurs perdus en forêt
Les sons fondus des trains et des avions
Des nuages et des coups de vent
Parfois
Dans le reflet des réverbères
J’entendais l’aube se glisser
Dans un autre sommeil
Les enfants pleurer d’un chagrin
Impossible à décrire
Et les plus s’ajouter aux moins
J’entendais surtout
Sa présence
Pas si loin
Et le bruissement des pensées
Qu’il éparpillait
Amoureux des mots
Et d’une ribambelle d’idées
Laissées à la page quatre-vingt-huit du dictionnaire
Le long des minutes
Encordées
En échelle solide
Je touchais l’intouchable
Et le sortais
De son carcan
Pour mieux le voir palpiter
Je rangeais un bout du temps
Une seconde mille secondes
Je le faisais éternel
Et le polissais
Comme un galet dans le rapide
Puis à nouveau
Le matin venu
Je rangeais ces respirations à ma guise
Je regardais ses yeux
Et partais en voyage
Véronique
© 2024 Véronique Poussart