dimanche 29 mars 2020

Semaine du 29 mars 2020


Endroit Envers


Se voir
Se toucher
Marcher côte à côte
Se donner des rendez-vous
Ciné musée parc
On croyait que ça durerait toujours

La réalité s’est dissipée
Comme soudain l’été un nuage disparaît 
Elle s’est fragmentée
Laissant des morceaux de souvenirs
Des signes ténus
La lumière de fin mars
Un livre entrouvert
Un flacon entamé

La réalité
N’est cachée 
Ni à l’envers
Ni à l’endroit
Comme au théâtre les masques
Le comique le tragique
Ficèlent les histoires

Il reste encore
Les arcs-en-ciel
Accrochés aux fenêtres
Ni à l’endroit
Ni à l’envers
Ni noir ni blanc
La vie

Véronique

© 2020 Véronique Poussart

dimanche 22 mars 2020

Semaine de 22 mars 2020

Le blues de Cooper


Carte d’identité: Cooper
Genre: chien
Race: Golden Doodle
Âge: 2 ans 1|2
Signe particulier: de nature facile

Mon état actuel:
Un tantinet neurasthénique

La raison: mes maîtres

Émotion cachée:
Je ne peux plus vivre ma vie

Émotion réelle:
Ils ne font plus attention à moi

Les faits:
Depuis que je vis avec eux, ils me laissent seul. Une grande partie de la journée. Je dors quand je veux, je mange mes toutous quand je veux. Je m’allonge sur mon coussin bien rembourré, je baille aux corneilles de temps en temps. Bref, je vis À MON RYTHME!

Mais voici, avec ce qui arrive, à voir leurs mines soucieuses quand ils regardent les nouvelles , je vois que la situation est grave. Résultat ????? Ils sont à la maison. C’est tout bon, me direz-vous... MAIS NON!

Ils m’ignorent, les yeux rivés à leurs écrans, réglant leur travail à domicile.
Il n’y a plus d’avant, il n’y a plus d’après.

Avant, au moment de partir, ils me faisaient un câlin, câlin de chien, mais câlin quand même...
Et surtout, ils m’appelaient à leur retour... COOPER, COOPER, Ah! le beau chien... et ça durait et ça durait. J’étais excité, je sautais, je tournais sur place. Et vous comprendrez qu’avec mon pif de chien, je sentais bien leur joie ...

Maintenant, pas de départ, pas de retour, des heures lisses où ils passent près de moi comme si j’étais transparent.

NON.... JE NE SUIS PAS TRANSPARENT!!!!!

Oui, j’ai droit à ma petite tape affectueuse de temps en temps, mais quand je veux aller sur leurs genoux parce que je crois qu’ils me parlent, ils m’écartent d’un geste inconscient. Ils sont dans leurs fichues videoconférences. JE N’Y COMPRENDS RIEN !!!

Je crois que j’ai hâte de les voir repartir car j’ai hâte de les voir revenir. Ils appellent ça le confinement... il ne faudrait pas que ça dure trop, car j’ai le blues d’avant!

Signé: COOPER, leur 🐕!

© 2020  Véronique Poussart 


dimanche 15 mars 2020

Semaine du 15 mars 2020

Crayons


Le plus souvent
Ils sont à l’abri
Boîtes de carton
Boîtes de métal
Pochettes de tissu
Magasins de jouets
Container en transit

Prélude obligé
Aux jeux des petits
Étalés en vrac
Donnant les minutes de paix
Aux parents trop pressés

Des étoiles filantes
Des pachydermes
Cascades émeraudes
Ou poussins fragiles
Tarzan volant de liane en liane
Scaphandriers en bulles
Dans les coraux multicolores

Quelques crayons suffisent
À dessiner le monde
À le réinventer

Et d’ici quelques semaines
Il faut ce qu’il faut...
Les enfants à la maison
Joueront des bleus et des rouges
En mangeant leurs macaronis!

Véronique

© 2020 Véronique Poussart

dimanche 8 mars 2020

Semaine du 8 mars 2020

Totem

Il n’est construit que de vent
Et se tient fier
Au bord des routes de l’imagination

Il a aujourd’hui
Les couleurs d’un gâteau de 7 ans
Et détient le secret des désirs

Il a 20 ans et sur l’esplanade
Se passe de mains en mains
Avant d’être témoin muet
Dans la chambre du vainqueur

C’est un tesson poli par la mer
Un confetti tombé d’une fête
Une boîte de crayons pour les samedis gris

C’est la branche de saule
Devenant un arbre
Un papyrus s’enracinant dans le bassin

C’est ancré
Navire échoué
Par forces marées

Affirmé comme le jour 
Qui s’allonge
Et dessine ses ombres
Il observe au travers des branches
Immobile et patient
Les bruissements du futur


Véronique

© 2020 Véronique Poussart

dimanche 1 mars 2020

Semaine du 1 mars 2020

Un printemps dans les yeux


De mousses cachées
De troncs endormis
De tempêtes soudaines
Voilà je m’appelle mars

De voyages reportés
De billets égarés
De nouvelles imprévues
Voilà je m’appelle mars

J’aurai beau rêver d’avance
Penser aux bulbes plantés
Aux clôtures à repeindre
Aux premiers voiliers d’oies
Rien n’y fera
Car je m’appelle mars

Véronique

© 2020 Véronique Poussart