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Des millions d'années
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Il y a des millions d'annéesEt c'est aujourd'huiQu'il me vient des imagesSoir d'éclipse et de lune rougeLune des moissons et de l'abondanceLa terre se transforme se modifieElle est de glace et d'éruptionsDe tempêtes de tsunamisLes ruisseaux les rivières la façonnentLa configurent autrementToujours autrementPeu importe le temps et ses folles duréesDes pans de montagnes dévalentLe vent est caresse ou fracasQu'il fasse moussons inondations sécheresseChacun à son tour joue de ses magiesBlocs erratiquesEn pleine forêtCanyons vertigineux Tout autant que galets de rivages Je vous nomme ce soirLes rock stars de ma géologieVéronique
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Pas si loin
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Ce n'est pas loin
Pas si loin
C'est clair et léger
C'est septembre avant plus tard
C'est un dos appuyé sur un rocher
Un minuscule bois flotté
Dans la main
Pour dessiner la vie sur le sable
Et dégager le coquillage échoué dans les joncs
Ne rien dire que sa mémoire ne sache déjà
Ne rien éprouver de plus
Que le corps ne sache déjà
Tout est là dans cette heure magique
Feutrée tapie entre les herbes souples
Et les hampes des sagittaires
Les bateaux passent d'un horizon à l'autre
Tant d'est que d'ouest
Tous les points cardinaux réunis
Dans un même battement de fleuve
Car c'est vrai
Ce n'est pas loin
Pas si loin
Véronique
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Conversations décousues
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Il fait nuit
Nuit noire nuit d'encre
Nuit de graphite nuit de mine de plomb
De celle qui reste dans le taille-crayons
Des bruits
L'eau du bassin
Sur l'autre rive
Le train toujours à l'heure
Les avions qui passent
Au-dessus exactement
Les conversations les confidences
Les souvenirs
Les mots d'anniversaire
Les papiers pliés
Rangés sans les relire
Petits mots de carton
I love you Tristan
C'est pour toi Catherine
C'est elle qui l'a tissé
Édouard ton équipe c'est bien?
Le blanc des murs allumait le soir
J'y voyais clair comme en plein jour
Il venait des projets
On tenait des propos de ponts d'îles de traversées
De dates et de temps
On bâtissait on fixait on alignait
Les fils des rencontres
Dénoués renoués
Au temps des au revoir et des baisers
Chacun se demandait
De quoi causer encore quand se fermera la nuit noire
Sur un 13 septembre
Véronique
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Plus de quatre
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Ils étaient plus de quatre
À rêver de maison
D'un espace de paix
De travail
De repas partagés
Ils étaient plus de quatre mille
À rêver d'un abri
D'un lieu serein
De sécurité
De repas chaque jour
Ils étaient plus de quarante mille
À rêver d'un toit
Famille ou cousinage
Parfois chants ou danses
Dans le soir qui tombe
Ils étaient plus de quatre cent mille
À rêver d'un carré de terre
Bleu et clair
Protecteur
Où boire l'eau le thé le vin
Où se regarder avec une lueur joyeuse
Dans les prunelles
Je crains... je doute...
Plus de quatre millions?
Véronique